samedi 29 septembre 2012

L A C H U T E D E S C O R P S

EXPOSITION DU 12 AU 14 OCTOBRE 2012
atelier "B carré" 23 Bd de Waterloo 1050 Ixelles Belgique
Dans le cadre du festival WALK #1

L A C H U T E D E S C O R P S

EXPOSITION DU 12 AU 14 OCTOBRE 2012
atelier "B carré" 23 Bd de Waterloo 1050 Ixelles Belgique
Dans le cadre du festival WALK #1


La chute des corps

L A  C H U T E  D E S  C O R P S

EXPOSITION DU 12 AU 14 OCTOBRE 2012
atelier "B carré" 23 Bd de Waterloo 1050 Ixelles Belgique
Dans le cadre du festival WALK #1


            Patrice Broquier, né en 1969 en France, vit et travaille en Belgique depuis 1992 où il y a étudié la photographie. Ce medium a toujours été au cœur de ses recherches artistiques auxquelles se sont associées ces dernières années des expériences sonores et vidéographiques.

De ses séries d’images formellement homogènes et rigoureuses des années 90 questionnant les supports de mémoire collective et son histoire individuelle, il a développé depuis 2006 (cf exposition Galerie Bortier) un travail plus introspectif prenant la forme de rapports d’images parfois dissonants. Ces agencements d’images ont été regroupés successivement sous les noms “Switch” puis “Acédia”. Ils semblent reliés à la fois à un sentiment d’urgence à se saisir du monde et dans le même temps à l’élaboration d’équilibres silencieux.

« Je photographie par état de nécessité psychologique, c'est à dire pour prendre conscience toujours un peu plus loin de ce que je suis, dans l'espace où je me situe. C'est sur le fil. Il y a en fond instabilité, enfoncement, équanimité, adynamie... une succession d'équilibres précaires. Ces images développent souvent des correspondances dont on aurait enlevé le premier terme. »
En 2010 (cf exposition Galerie Hectoliter), sous le titre “At the end : the gravity law experience“, il s’intéresse plus spécifiquement à la question du paysage :
« Un paysage est une construction abstraite sur un espace particulier. L’horizon, cette “ligne imaginaire circulaire dont l’observateur est le centre et où le ciel et la terre ou la mer semblent se joindre” est à la fois une donnée immédiate de la perception et une abstraction insaisissable. En bipèdes, nous raisonnons l’horizontalité dans le paysage à partir de notre verticalité physique. Nous faisons l’expérience de la gravité au travers de notre corps comme nous voyons un objet tomber. J’ai voulu transposer symboliquement cette réalité. »

Dans “La chute des corps”, on retrouve sa conception du photographique, c’est à dire, une photographie totale, intégrant volontairement des vocabulaires visuels parfois très différents, des ruptures de formats, des accrochages éclatés, créant un ensemble paradoxalement très synthétique des expériences vécues et de leurs symboliques mais éloigné de toute narration. Ce processus d’assimilation psychique du monde nous apparaît ici plus aigu car associé à un deuil personnel à partir duquel cette démarche photographique prend tout son sens.

« La chute des corps peut se définir comme le mouvement que prennent les corps lorsque, abandonnés à eux-mêmes, ils tombent vers la terre. Une chute est un accident. Un matin, j’ai monté un escalier pour réveiller ma mère. Son corps gisait incliné sur les marches dans l’obscurité. Après cette expérience douloureuse, de nombreuses images relevant pour moi de la loi de la gravité ont pris place dans mes ensembles d’images. L’horizon et la lumière s’y sont alors accordés. »

La dimension émotionnelle qui a induit en partie cette étape de son travail est ici dépassée, englobée dans un questionnement plus large et sublimée par certaines abstractions porteuses peut être d’une forme de mysticisme. Il s’agit sans doute pour lui de partager cet inachevable dévoilement. « J’accepte ce travail autant que je le construis. »

Eric Daurfel, Octobre 2012