vendredi 27 septembre 2013

Au bord du visible

" La lumière de l'image est en elle arrêtée, retenue, cachée, suspendue. 
Elle n'est plus la lumière de mise en vue des choses mais lumière de mise en vie du visible seul. Etincelle.
Tel est le sujet de l'image..., de certaines images. "


David Brunel
"Au bord du visible, l'indicible (Notules sur la représentation en général et la photographie en particulier).

dimanche 22 septembre 2013

" Luz visible "


" Luz visible "


" Un morceau de vide, un creux du temps, un fragment de silence, une caverne entière à aménager, un bout de rien à partir duquel les choses pourtant rayonnent : photographie. "



David Brunel
"Au bord du visible l'indicible"
Les éditions de la nuit

Lucrèce : De la nature des choses (De rerum natura, 1er siècle avant Jesus Christ)

 
           


            De la nature des choses



            Avant de la briser l’éclat retient l’image.            

            Si rapide soit-elle, elle est prise au passage,           
            Et quel que soit l’objet qu’on expose au miroir,           
            L’image instantanée aussitôt s’y fait voir.            

            D’où j’ai droit d’inférer que des contours émane           
            Un frêle simulacre, impalpable membrane ;            

            Enfin, qu’un seul instant voit naître par milliers,           
            Sans relâche et sans fin, ces calques déliés            

            Dont la célérité n’eut jamais de rivale.

            C’est pourquoi le miroir surprend tant de fantômes,           
            Reflétant, quelque point qu’atteigne sa lueur,
                                
            La forme des objets et jusqu’à leur couleur.

            Mais quel effort jamais, quelle langue savante            
            Exprimeront le peu que de ces vastes corps            

            Emporte le reflet détaché de leurs bords ?

            La lumière sans trêve engendre la lumière ;            

            L’éclair de proche en proche aiguillonne l’éclair.            
            Ainsi le simulacre aux profondeurs de l’air            

            Franchit en un clin d’œil des gouffres insondables,           
            Indicibles : le choc d’atomes impalpables            

            Montant derrière lui le pousse loin du sol ;           

            Son tissu rare et clair hâte encore son vol.            

            À travers toute chose il s’insinue et passe,            

            Filtré pour ainsi dire aux pores de l’espace.
            
            L’image à temps égal en doit traverser plus

            Que n’en perça jamais la lumière céleste.            

            Cette rapidité, tout l’affirme et l’atteste.            

            Expose une eau limpide à l’azur de la nuit :            

            La voûte constellée à l’instant même y luit.            

            Demande à ces flambeaux éblouissants du monde            
            Brusquement évoqués par le miroir de l’onde,            

            En quelle ombre de temps l’éclat de leurs grands corps            
            Des rives de l’éther tombe aux terrestres bords !
           
            Rends-toi ; cède, il le faut, à tant de témoignages.           
            Et comment pourrais-tu douter de ces images ?            
            Elles frappent tes yeux ; c’est tout ce que tu vois.            


          
Lucrèce
De la nature des choses (De rerum natura)
Traduction (1876, 1899) A. Lefèvre (1834-1904)

" Luz visible "


" Luz visible "


" Luz visible "


" Luz visible "