La commercialisation de l'art est la preuve du mépris que la bourgeoisie montre à l'égard des valeurs spirituelles, tant que celles-ci ne produisent pas d'argent. Les seuls critères et d'ailleurs les plus convaincants pour juger de nos jours de la qualité de l'art sont :
le nombre d'exemplaires vendus d'un livre, les prix aux enchères, les offres des amateurs et des collectionneurs, les places remplies au théâtre et d'autres critères analogues, d'ordre quantitatif et pécuniaire. La critique cède la place à la publicité, la chronique dans les journaux se transforme en annonce commerciale, la spéculation habile du trafiquant se substitue à l'appréciation spirituelle des valeurs artistiques.
Karel Teige, "Le marché de l'art", 1936