mardi 28 novembre 2023

W I L L


De l’utopie d’une image qui contiendrait les autres

 

à la matérialité de ma dernière image.



 

Un jour, j’ai su que c’était peut-être le dernier. 

J’en fis le constat en étant amer de ne pas avoir une pensée ultime à transmettre. Elle aurait peut-être pu prendre la forme d’un mot ou d’une dernière image. J’en restais là. 

 

Mes yeux se fermèrent. On m’ouvrit la poitrine. Une main y arrêta mon cœur puis le fit rebattre.

 

J’ai alors recherché une image qui contiendrait toutes les autres, une dernière image qui serait aussi la première.

 

Cette utopie m’a conduit sur la voie symbolique de la lumière, des ondes, d’un océan primordial où s’effaceraient mots et représentations, sur le chemin d’une image perdue à retrouver.

 

Un testament, une volonté, un verbe être au futur : W I L L

 

Mes démarches artistique et spirituelle se sont reliées : un testament en construction, un travail inachevable encore accroché à quelques mots, à quelques débris d'inconscients.

 

Faire tourner inlassablement les moulins à images.

Persévérer : percer et voir.

 

 Broquier (1969 -    )

dimanche 17 mai 2020

Entrouvert


Dans le cadre de WALL K       
Aurore Dal Mas et Sébastien Marcq m'ont demandé d'entrouvrir mon espace de travail...

Une partie de mon espace de travail actuel.

Un espace où je ne contemple pas les images mais où une part de moi est en rotation.

Une table de travail comme un autel.

Une lentille convexe qui accueille la lumière(1).
Une petite urne blanche avec une partie des cendres de mon père(2).
"jusqu'à l'os", un texte d'Aurore Dal Mas extrait de "Sans issue"(3).
De la vie(4)
Le déclencheur(7)
L'image absente, une quête de l'image ultime. En cours...(cf projet "WILL" sur lequel je travaille)(9)
Une charte gris belge d'un ciel d'ici(6).
Un portrait de ma mère
(5).
La chaise de la salle à manger d'une vie antérieure
(11). La vibration du son et de la lumière. La source(10).

Deux textes bibliques:
L'un à gauche,
"Et nous marchions autour de lui.
A chacun et à tous il est donné de tourner.
Celui qui ne va pas danser ignore ce qui arrive."
(8)

L'autre à droite"Tu ne feras pas d'idole ni une image quelconque de ce qui est en haut dans le ciel, ou en bas sur la terre."(15)

Le portrait extatique(12).
L'extase vers un signe élémentaire, une étoile et/ou l'abandon de soi
(14).
Un basculement vers deux négatifs,
Un 4'x5' de presque rien
(16) et un petit négatif d'une reproduction d'une photographie(15).
La toute première photographie que j'ai prise quand j'étais enfant(18)

Un jour, j’ai su que c’était peut-être le dernier. J’en fis le constat. J’ai été amer de ne pas avoir une pensée ultime de ma vie. Elle aurait peut-être pu prendre la forme d’un mot ou d’une dernière image. J’en restais là.
Mes yeux se fermèrent. On m’ouvrit la poitrine. Une main y arrêta mon cœur, puis le fit rebattre.
A partir de cette renaissance, j’ai recherché une image ultime, celle qui contiendrait toutes les autres. Ce serait une image de l’univers plutôt que de mon univers, une dernière image qui serait aussi la première. Je la cherchais sans doute depuis toujours.

Cette utopie m’a conduit sur la voie symbolique de la lumière, des ondes, de la matière, là où s’effaceraient mots et représentations, sur le chemin d’une image perdue à recueillir, d’une dernière chose à transmettre, sur ce qui pourrait être le cœur de mon labyrinthe. Un testament, une volonté (en anglais, un mot associe les deux : "WILL"). Ce recueil remplacera ma tombe.
De l’utopie d’une image définitive à la réalité de la dernière image,je poursuis ce pèlerinage intellectuel et émotionnel de façon plus intense depuis ces quatre dernières années.J'ai autant l'impression de m'approcher du but que de m'en éloigner. Je vis mon labyrinthe.

Concernant plus précisement les images posées sur ce mur, sachez qu'il n'y en a presque pas chez moi si ce n'est dans ce petit espace de travail où elles se placent non pas pour ce qu'elles représentent vraiment mais plutôt pour leur capacités à embarquer mon inconscient. Elles ne constituent pas le travail en cours qui lui se construit ailleurs.
Je ne vois presque plus ces éléments pour ce qu'ils sont mais pour les portes qu'ils ouvrent sur d'autres espaces mentaux.Donc, cet accrochage je ne le vois pas comme une exposition même si Aurore et Sébastien m'ont pris au piège de partager cet espace que je qualifierais d'intime.
Il y a une circulation entre ces éléments et plus exactement une rotation dans le sens horaire (pour moi).C'est par exemple le cas des trois textes et de tous les autres éléments en fait. Cette circulation visuelle anime en moi les choses que je recherche c'est à dire celles qui la pluspart du temps glissent entre mes doigts.









                      


dimanche 12 octobre 2014

Exposition MYRIAM HORNARD à la MAAC


Je serai au vernissage ce Jeudi 16 Octobre.
...au plaisir de vous y voir!




Myriam Hornard
Textes de Myriam Hornard, Jean-Philippe Uzel, François Liénard et Sabrina Parent
En partenariat avec le Centre d’art de la Ville de Dudelange Nei Liicht, Cosmos cosmos et la Maison d’art actuel des Chartreux à Bruxelles
208 pages, 25 illustrations couleurs, 17 x 24 cm, cartonné,
Textes français et anglais
ISBN 978-2-87317-417-0
29 €, 2014

samedi 16 novembre 2013

Tim Grosvenor / Gallery 151

Rencontré à l'occasion de mes visites guidées au festival walk#2,
Tim Gosvenor réalise actuellement "Follow the line", une performance-dessin à la Gallery 151 au 151 Chaussée de wavre à Ixelles.
Je m'y suis posé hier en fin d'après midi le temps de quelques commentaires échangés. Un beau moment... (à suivre).

Frederic Barthes


 Suite au vernissage de l'expo "Luz" et à la visite de Frédéric Barthes à cette occasion, je partage avec vous le lien vers son site (une belle découverte).
A voir en particulier, les séries "Amorces", "Entremélés" , "Intervalle" dont j'aimerais tellement faire l'expérience physique face aux tirages... Je vous signalerai donc ses prochaines expos !



dimanche 3 novembre 2013

Camera lucida


C’est le moment du rapport physique aux images, celui où les pigments projetés sur le papier jouent aux sels d’argent, à la lumière, celui des incertitudes aussi : inconfort, attente d’évidences sans preuves. Je regarde mes gesticulations en attente d'un moment de vérité, de quelque chose d'indicible.

Le processus s'est aiguisé bien avant la coupure du déclencheur, la partie visible est tendue, le papier nerveux, le scalpel les découpent à main levée, les tirages se déchirent. L' orthogonalité est abandonnée à ce qu'elle est. Je sais un peu moins ce dont il s’agit ce qui finit par être rassurant. Je m’apprivoise…

Irréversible et inachevable ont à voir avec photographie.


" Luz visible ", lumière visible, entre le vu et l’invisible, vista. Il faudra sans doute retrouver cette lumière depuis l'obscurité, celle de la caverne de Platon, celle décrite par Lucrèce, celle du désert, celle d’un monde primordial d’avant le photographique : régression salutaire, impasse, camera lucida.


C’est alors le moment de l’accrochage, celui où le cordon ombilical est coupé, celui de l’abandon des images à ce quelles sont, à ce qu’elles deviennent où dans le meilleur des cas elles m’échappent dans un espace que je finis par accepter. Chaque agencement, chaque pli devient un piège à inconscient. Je dois clore le temps de l’exposition. Le processus n’est pas achevé. L’espace me manque, je l’imagine.


Ce fut le moment de l’exposition, la seule qui compte. Les trente secondes qui attendent la foudre, les minutes qui enregistrent les étoiles dans le désert, le dix millième de seconde au soleil d’Andalousie, la poussière, le sable, les pixels, zéro, un, indice minimal puis enfin en revenir à Lucrèce (1er siècle ), "De rerum natura" (De la nature des choses – livre IV) :



Je dis que les choses envoient de leur surface

des effigies, formes ténues d’elles-mêmes,

des membranes en quelque sorte ou des écorces,

puisque l’image revêt l’aspect, la forme exacte

de n’importe quel corps dont vagabonde, elle émane.

(…)

de la même façon, en un seul point du temps

une foule d’images doit s’élancer des choses

de mille manières, partout et dans tous les sens,

puisque à toute visée du miroir les choses répondent

par des couleurs et des formes qui leur ressemblent.

(…)

la lumière succède aussitôt à la lumière

son éclair stimulé par le dard d’un nouvel éclair.

De semblable manière, les images sont forcément

capables de parcourir en un seul point du temps

un espace indicible, parce que loin derrière elles

une cause infime les pousse et les projette ;

Ajoute qu’elles volent légère en leur course ailée,

que leur texture enfin est lâche dés leur émission,

au point qu’elles pénètrent aisément toutes les choses

et coulent pour ainsi dire dans l’étendue de l’air.


Patrice Broquier Novembre 2013

vendredi 27 septembre 2013

Au bord du visible

" La lumière de l'image est en elle arrêtée, retenue, cachée, suspendue. 
Elle n'est plus la lumière de mise en vue des choses mais lumière de mise en vie du visible seul. Etincelle.
Tel est le sujet de l'image..., de certaines images. "


David Brunel
"Au bord du visible, l'indicible (Notules sur la représentation en général et la photographie en particulier).

dimanche 22 septembre 2013

" Luz visible "


" Luz visible "


" Un morceau de vide, un creux du temps, un fragment de silence, une caverne entière à aménager, un bout de rien à partir duquel les choses pourtant rayonnent : photographie. "



David Brunel
"Au bord du visible l'indicible"
Les éditions de la nuit

Lucrèce : De la nature des choses (De rerum natura, 1er siècle avant Jesus Christ)

 
           


            De la nature des choses



            Avant de la briser l’éclat retient l’image.            

            Si rapide soit-elle, elle est prise au passage,           
            Et quel que soit l’objet qu’on expose au miroir,           
            L’image instantanée aussitôt s’y fait voir.            

            D’où j’ai droit d’inférer que des contours émane           
            Un frêle simulacre, impalpable membrane ;            

            Enfin, qu’un seul instant voit naître par milliers,           
            Sans relâche et sans fin, ces calques déliés            

            Dont la célérité n’eut jamais de rivale.

            C’est pourquoi le miroir surprend tant de fantômes,           
            Reflétant, quelque point qu’atteigne sa lueur,
                                
            La forme des objets et jusqu’à leur couleur.

            Mais quel effort jamais, quelle langue savante            
            Exprimeront le peu que de ces vastes corps            

            Emporte le reflet détaché de leurs bords ?

            La lumière sans trêve engendre la lumière ;            

            L’éclair de proche en proche aiguillonne l’éclair.            
            Ainsi le simulacre aux profondeurs de l’air            

            Franchit en un clin d’œil des gouffres insondables,           
            Indicibles : le choc d’atomes impalpables            

            Montant derrière lui le pousse loin du sol ;           

            Son tissu rare et clair hâte encore son vol.            

            À travers toute chose il s’insinue et passe,            

            Filtré pour ainsi dire aux pores de l’espace.
            
            L’image à temps égal en doit traverser plus

            Que n’en perça jamais la lumière céleste.            

            Cette rapidité, tout l’affirme et l’atteste.            

            Expose une eau limpide à l’azur de la nuit :            

            La voûte constellée à l’instant même y luit.            

            Demande à ces flambeaux éblouissants du monde            
            Brusquement évoqués par le miroir de l’onde,            

            En quelle ombre de temps l’éclat de leurs grands corps            
            Des rives de l’éther tombe aux terrestres bords !
           
            Rends-toi ; cède, il le faut, à tant de témoignages.           
            Et comment pourrais-tu douter de ces images ?            
            Elles frappent tes yeux ; c’est tout ce que tu vois.            


          
Lucrèce
De la nature des choses (De rerum natura)
Traduction (1876, 1899) A. Lefèvre (1834-1904)

" Luz visible "


" Luz visible "


" Luz visible "


" Luz visible "


mercredi 19 juin 2013

Qu'est-ce que l'Art ? Sylviane Dupuis.




 1
L'art n'est pas distraction - il est concentration

2
L'art n'est pas divertissement, ou manière de se rassurer - il est le voile de l'insupprtable.
(En tout artiste il y a un chamane qui convoque et canalise des violences dont il pressent que, faute de s'incarner, elles pourraient nous menacer d'effondrement)

3
L'art n'est pas la vie, mais un moyen de nous contraindre à en faire autrement (et peut être plus profondément) l'expérience.

5
L'art n'a pas à plaire, mais à agir sur nous. (Et sur ce qui, en nous, lui résiste)

9
L'art n'aspire à rien de déjà connu - il avance, sans savoir où il va, en direction de l'imprévisible.
(...)
Il est de l'infini qui se sert du fini pour pouvoir accéder à l'existence.

12
L'art n'est pas l'artisanat (qui fabrique des objets conçus d'avance au moyen d'outils connus et selon des pratiques programmées). Il lui faut se donner à lui même ses outils, sa méthode et son propre langage pour tenter de mettre au jour (de rendre visible ou de faire éprouver) quelque chose d'inconnu et d'unique dont nul ne pouvait anticiper le surgissement.

18
L'art n'est pas la folie. (...) La différence fondamentale entre l'artiste et le malade consistant (déclarait Jung à Joyce) en la capacité du premier à descendre dans le gouffre et à en remonter (...) alors que le second, quand il y est tombé, n'a les moyens ni d'en revenir seul, ni d'en tirer quelque chose pour d'autres...

32
L'art est (avec la prière, l'amour et la transe) la seule voie d'accès à l'absolu qui ne tue pas.




Sylviane Dupuis, "qu'est-ce que l'Art ? 33 propostions "

lundi 29 avril 2013

Sans titre


Texte à propos de l'expo "Vie" de Alias nb



 
P. Broquier     



De boucles enroulées compulsivement sur le papier, aux lignes répétées nerveusement, ces régressions maniaques donnent la vibration de l'exposition "Vie" de Alias nb.

Ses photographies d’un chantier me sont quelques fois apparues comme des structures vertébrales en construction déjà prêtes à se briser, des articulations, des terminaisons nerveuses sur le point de se déchirer.
Cet état intermédiaire entre construction et déconstruction semble agir dans son œuvre comme un balancier perpétuel.

Un corps photographié, le sien, squelette impudique, posé fragilement sur le rebord d’une simple baignoire comme au bord d’un précipice, est agencé à un horizon sans âme basculé verticalement. Ce diptyque nous indique peut être à ce stade le difficile constat d’une stabilité sans équilibre. Cet autoportrait nous donne dans le même temps la clé de compréhension des rapports entre toutes les différentes séries présentées dans cet espace.

L'ensemble de cette première exposition personnelle est à voir dans son mouvement global ou à examiner au scalpel d’une "Vie" à la limite. Son nbnogramme panoramique en est peut être alors la frontière subtilement codée.



Patrice Broquier, Avril 2013, à propos de l'exposition "Vie" de Alias nb, à partir
du 3 mai à l'espace B-carré, 23 Bd de Waterloo, 1000 Bruxelles.





mardi 30 octobre 2012

dimanche 21 octobre 2012