à propos de l'exposition SW2b à la MCA (nov2008 à janvier 2009)
« Le travail de Patrice Broquier se parcourt. Ce qui a sens est un ensemble et non des œuvres séparées.
Patrice Broquier pratique une sorte de désordre mis en demeure de s’organiser. Il accumule des photos apparemment hétéroclites. Il les fait défiler en diapositives à des vitesses différentes sur deux écrans. Ainsi sous le regard s’élabore une continuité à la fois constate et disparate. Chaque image se met en rapport avec une autre : celle qui la suit, celle qui la précède ou celle qui l’accompagne. Pour cette dernière, une part d’aléatoire intervient. En effet, la différence de rapidité a pour conséquence qu’il se produit un décalage entre un premier tour de chariot de dias et un second. L’esprit sollicité est amené à créer des associations d’idées, des liens entre les images. Il pourrait de la sorte inventer un récit dont chaque photo serait un élément. C’est sans fin, d’autant que chacun sait qu’une photo dépourvue de légende est sujette à toutes les interprétations possibles.
D’où l’intitulé de cette exposition : « Switch », c’est à dire ce qui, en informatique, permet des interconnexions de réseaux. Le photographe développe de la sorte le concept d’appréhender le monde tel que dans la réalité. Chaque perception passe, se perd dans la mémoire, s’ajoute aux précédentes, se mêle aux sensations et aux humeurs avant de constituer ce qui façonne chaque individu.
Le défilement rapide des clichés ne permet guère de s’attarder. Il devient une espèce de paradoxe comme l’acte photographique en soi. (…) Il est donc capital de ne pas visiter cette exposition de la même manière que d’habitude. Si certains tirages sont accrochés aux cimaises et se laissent regardés aussi longtemps qu’on le désire, ils sont avant tout l’amorce de ce qui sera vu et revu lors de la projection « stéréo ». L’essentiel se concentre dans la démarche intellectuelle à accomplir par chaque visiteur. »
M.V. le 07/01/09